La Coupe d'or by Steinbeck John

La Coupe d'or by Steinbeck John

Auteur:Steinbeck, John [Steinbeck, John]
La langue: fra
Format: epub
Tags: S
Éditeur: Folio
Publié: 2012-09-22T22:00:00+00:00


5

Sir Edward Morgan avait pris le commandement d'une expédition contre Saint-Eustache. Pendant que la bataille faisait rage, un Indien mince et brun lui enfonça un long couteau dans le ventre. Le vice-gouverneur serra les dents, et s'écroula sur le sol.

« Mes culottes blanches vont être perdues, songea-t-il. Pourquoi faut-il que ce démon m'ait ainsi accommodé au moment où les choses allaient si bien ? J'aurais reçu de grands remerciements de Sa Majesté... Elle me les accordera à titre posthume... Seigneur ! il a choisi un endroit bien douloureux ! »

Puis, il se rendit compte de toute l'importance du drame : « Un coup de couteau dans le ventre, murmura-t-il. J'aurais préféré une épée tenue par un de mes égaux... Mais un coup de couteau... et dans le ventre, qui pis est ! Je dois avoir l'air ignoble, avec tout ce sang et cette poussière sur moi. Et je ne puis me relever ! Ah ! grand Dieu ! le misérable m'a frappé à un endroit sensible ! »

Ses soldats attristés le ramenèrent à Port-Royal.

« Il m'a été impossible de parer le coup, dit-il au gouverneur. Ce petit démon s'est glissé jusqu'à moi et m'a enfoncé son couteau dans le ventre. Je suppose qu'il n'était pas assez grand pour me toucher plus haut. Je vous serais très reconnaissant, monsieur, de ne mentionner ni le couteau ni le ventre dans votre rapport à la couronne. À présent, voulez-vous, je vous prie, me laisser seul avec ma fille ? Je sens que je vais bientôt mourir. »

Élisabeth se tenait à son chevet dans une pièce obscure.

« Êtes-vous grièvement blessé, père ?

– Oui, très grièvement. Je ne vais pas tarder à mourir.

– Allons donc, mon cher papa ! Vous plaisantez pour me faire peur.

– M'as-tu jamais entendu plaisanter, Élisabeth ? Non, rien n'est plus sérieux. J'ai plusieurs choses à te dire, et mes instants sont comptés. Que vas-tu devenir ? Il nous reste fort peu d'argent. Nous avons vécu sur mes seuls appointements depuis que le roi a lancé son dernier emprunt.

– Que dites-vous là, mon cher papa ! Vous ne pouvez pas mourir et me laisser seule ici, aux colonies. Voyons, papa, c'est impossible !

– Que ce soit impossible ou non, je vais bientôt mourir. Discutons cette affaire tant que j'en ai la force. Peut-être ton cousin, à qui ses actes de brigandage valent si grande renommée, voudra-t-il bien prendre soin de toi, Élisabeth. Cette idée me navre, mais... mais... il faut bien que tu vives. Et, après tout, c'est ton cousin.

– Je ne veux pas y croire. Je refuse d'y croire. Vous ne pouvez pas mourir !

– Tu iras demeurer chez le gouverneur jusqu'à ce que tu rencontres ton cousin. Expose ta situation à ce dernier très exactement : sans flatterie et sans arrogance. Il a beau être pirate, il n'en est pas moins ton cousin par le sang. »

Sa respiration bruyante et oppressée emplissait la pièce. Élisabeth s'était mise à pleurer à petit bruit, comme un enfant qui ne sait pas très bien s'il a mal.



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